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Rencontres secrètes ou simple protocole ? Ce que cache la tournée politique de Yayi Boni

À un an des élections générales de 2026 au Bénin, le climat politique béninois est marqué par une tension perceptible. Alors que l’opposition continue d’exiger la relecture du code électoral et critique les récents verdicts judiciaires, l’ancien président Yayi Boni multiplie les rencontres avec d’anciennes figures du pouvoir. Après une visite chez Nicéphore Soglo le 1er février, il s’est rendu, le lendemain, chez Adrien Houngbédji, autre ancien président de l’Assemblée nationale et figure historique du paysage politique béninois. Ces rencontres ne relèvent pas du simple exercice protocolaire de présentation de vœux. Elles s’inscrivent dans une dynamique plus large qui pourrait redéfinir les équilibres politiques à l’approche du scrutin de 2026.

Une recomposition politique en coulisses ?

La visite de Yayi Boni chez Adrien Houngbédji intervient dans un contexte où l’opposition peine à trouver un terrain d’entente pour contrer la mouvance présidentielle. Son parti, Les Démocrates, qui revendique être le premier parti d’opposition, reste fragilisé par le seuil des 20 % imposé par le code électoral, un obstacle de taille pour espérer une réelle influence dans le futur Parlement. En multipliant les rencontres avec d’anciens poids lourds de la scène politique, Yayi Boni semble chercher à rassembler une coalition plus large, capable de peser face au Bloc Républicain (BR) et à l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R), les deux formations dominantes du paysage politique actuel.

Adrien Houngbédji, ancien président du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), a longtemps joué un rôle pivot dans le jeu politique béninois. Son ralliement à l’UP-R, après la fusion de son parti avec la mouvance présidentielle, a marqué un tournant dans la recomposition des forces politiques. En se rendant chez lui, Yayi Boni cherche-t-il à le rallier à sa cause ou du moins à sonder une possible ouverture ? La réponse reste incertaine, mais ces déplacements s’apparentent à une stratégie de rapprochement visant à structurer une opposition capable de peser lors des prochaines échéances.

Le code électoral, un enjeu structurant de l’élection de 2026

Au-delà du simple exercice diplomatique, les échanges entre Yayi Boni, Nicéphore Soglo et Adrien Houngbédji ont certainement abordé la question sensible de la révision du code électoral. L’opposition, dans son dernier communiqué, a une nouvelle fois dénoncé les restrictions imposées par le seuil des 20 %, qui l’empêchent d’espérer une représentation significative. Si Houngbédji a rejoint la mouvance présidentielle, il reste une figure d’équilibre dont le soutien ou les positions pourraient influencer d’éventuelles négociations.

La rumeur persistante d’un troisième mandat pour Patrice Talon continue également d’alimenter les débats. Bien que les proches du pouvoir rejettent catégoriquement cette hypothèse, elle demeure une arme de mobilisation pour l’opposition, qui l’utilise pour crédibiliser ses revendications en faveur de plus de transparence électorale.

Une opposition en quête de nouvelles alliances

L’initiative de Yayi Boni illustre une tentative de repositionnement stratégique. Alors que le paysage politique béninois est dominé par deux grands blocs pro-Talon, l’opposition, fragmentée et affaiblie, peine à créer une dynamique unitaire. Les anciens leaders politiques, bien que retirés du jeu institutionnel, conservent une influence morale et stratégique non négligeable. En se rapprochant d’eux, Yayi Boni cherche non seulement à légitimer son leadership au sein de l’opposition, mais aussi à recréer un front politique plus large, capable de peser dans les négociations pré-électorales et d’accroître la pression sur le gouvernement concernant la relecture du code électoral.

Les prochains mois seront donc déterminants. L’opposition parviendra-t-elle à unir ses forces autour d’un projet commun ou restera-t-elle divisée face à une mouvance présidentielle solidement ancrée ? La pression autour de la révision du code électoral sera-t-elle suffisante pour provoquer un changement dans les règles du jeu ? Ces questions restent ouvertes, mais les mouvements tactiques de Yayi Boni indiquent que la bataille pour 2026 est déjà en marche.

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